Chaire Entrepreneuriat, Altérité et Société
Au-delà une perspective de croissance économique, la Chaire Entrepreneuriat, Altérité et Société cherche à réinscrire l’entrepreneuriat au cœur des transformations sociales et politiques, dans une approche relationnelle, en tenant compte de ses dimensions éthiques.
Transformations politiques et sociales, parce que la Chaire porte un intérêt particulier à celles et ceux qui sont laissés aux frontières de l’entrepreneuriat. En dévoilant l’intérêt d’étudier ce qui survient dans les marges pour repenser les pratiques dominantes, la Chaire situe au cœur de son projet la recherche de l’altérité. Elle vise aussi à comprendre comment l’entrepreneuriat dans des contextes minorisés peut être porteur de disruptions sociales et politiques, et non plus économiques, en questionnant nos imaginaires et les cadres autorisés de l’action entrepreneuriale.
Approche relationnelle, parce que du verbe ‘entreprendre’, nous avons très longtemps mis l’accent sur ‘prendre’ (l’appropriation de la valeur) et assez peu sur ‘entre’ qui souligne que l’entrepreneuriat naît dans les intervalles et les interactions, ce qui génère des espaces et des interstices. Là encore, les travaux de la Chaire examineront l’ensemble des dimensions relationnelles qui font l’entrepreneuriat, en considérant toutefois que l’activité relationnelle n’est pas tout à fait la même, qu’on soit au centre ou à la périphérie du jeu entrepreneurial. Les acteur.rices de l’industrie entrepreneuriale feront alors l’objet d’une attention particulière.
Dimensions éthiques enfin, parce que l’entrepreneuriat est le vecteur de nombreuses transformations en cours qui fabriquent le monde de demain (agriculture cellulaire, reconnaissance faciale, etc.), qu’il s’agit de comprendre, de réguler et d’accompagner. L’entrepreneuriat est en cours d’élaboration d’un nouveau mythe – celui de la start-up – qui fixe de nouveaux repères autour des bonnes manières d’entreprendre et dont il faut dès lors interroger les pratiques et ses effets sur les ‘autres’ acteur.rices de l’entrepreneuriat.
Les recherches seront structurées autour de trois axes. L’axe Entrepreneuriat dans les marges porte sur l’entrepreneuriat dans des contextes marginaux, qu’ils soient sociaux, professionnels, économiques ou géographiques. On entend par là, par exemple, l’entrepreneuriat dans des secteurs en marge des secteurs traditionnels de l’économie, comme les arts et la culture, ou dans des contextes sociaux marginaux, comme des minorités nationales et linguistiques, des petites nations et des petites sociétés, soit des sociétés non-hégémoniques, qui ne définissent pas l’ordre mondial, et où l’entrepreneuriat est étroitement lié à l’autonomie culturelle et économique de la société.
L’axe Entrepreneuriat, genre et exclusion cherche à questionner les phénomènes de genre existant dans l’environnement entrepreneurial. Le curseur d’analyse se place au-delà des individus – ‘les femmes entrepreneures’ – et de leurs difficultés ou barrières, afin d’appréhender les dynamiques complexes du genre et de la diversité d’un point de vue systémique. D’une part seront étudiés les effets croisés de différentes dimensions structurelles, incluant des phénomènes de genre, de génération, de culture et de racisation – sur les identités, expériences et pratiques entrepreneuriales des femmes. D’autre part, sera observée la manière dont les femmes entrepreneures peuvent développer des stratégies de résistance, de contournement ou de redéfinition des systèmes en place. Enfin, la mobilisation d’approches et de cadres théoriques du genre, développés dans différents champs disciplinaires, permettra d’enrichir notre compréhension des processus et contextes entrepreneuriaux au sens large.
Au sein de l’axe L’entrepreneuriat comme activisme, les travaux se penchent sur une problématique émergente dans le domaine considérant que l’entrepreneuriat, comme activisme social et politique, consiste à la fois à déconstruire les imaginaires qui orientent sensiblement les subjectivités entrepreneuriales et à produire et autoriser de nouveaux imaginaires dans les franges du système en place. Y seront examinés notamment des formes alternatives d’entrepreneuriat, non pas dans le champ des entreprises sociales, mais celles qui défient les cadres en place en se situant temporairement et au besoin dans les marges de la légalité et de la légitimité, encourageant des questionnements éthiques.
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